Je n’ai jamais été un grand fan du changement d’heure, pour des raisons purement égoïstes. Le changement d’heure a tendance à perturber mon bio-rythme de lève-tard. Heureusement, grâce à l’heure d’été, on économise plein d’électricité, on rejette moins de CO₂ dans l’atmosphère, et on participe activement à l’effort collectif pour sauver la planète, ce qui tombe bien parce que ça n’a jamais été autant à la mode. Aujourd’hui, pour être fun et bigarré, frais et bien formé, en plus d’avoir un lecteur Blu-ray1, il faut sauver la planète. En bons moutons citoyens que nous sommes tous, nous savons que c’est d’une importance capitale2.
Mais le passage à l’heure d’été n’est pas uniquement une divine bénédiction accordée à la secte des adorateurs des barbecues de 22h avec piqûres de moustiques en option. Certains s’accordent également pour classer cette coutume comme une nuisance.
Et encore, l’article auquel je fais référence ne parle pas des pics de pollution engendrés par la hausse du trafic aux heures les plus chaudes de la journée, ni du décalage horaire aberrant par rapport aux autres pays d’Europe. Et il reste relativement réservé sur le chaos, et c’est un euphémisme, que cette transition brutale occasionne dans les traitements informatiques. Désolé de parler boulot3, mais je m’explique :
- Vous êtes consciencieux dans votre boulot et super-aware que l’heure d’été ça fout la grouille : allez donc expliquer à votre client qui désire automatiser ses traitements que non, une journée ne comporte pas nécessairement 24 heures, et que ça va lui coûter un supplément gratiné pour gérer une aberration qui arrive seulement 2 jours dans l’année. Vous pourrez vous estimer heureux si celui-ci ne vous traite pas de tous les noms d’oiseaux tout en diffusant allégrement son mécontentement à toute la chaine que constitue votre hiérarchie, qui vous retournera aussitôt la claque avec la rapidité d’un pendule de Newton, en vous faisant remarquer que vous abusez sur les devis et qu’il faudrait veiller à fidéliser un peu les clients.
- Vous n’êtes pas consciencieux dans votre boulot et/ou vous n’aviez jamais remarqué que l’heure d’été ça fout la grouille : votre client est super content pendant 2 semaines parce que vous lui fournissez du super boulot sans surcout. Puis il tombe du septième ciel en remarquant d’un coup que tous ses traitements ont été décalés d’une heure. Ça s’appelle un ascenseur émotionnel. Dès lors il arrose de mails incendiaires votre hiérarchie en n’omettant pas de préciser quel gros noob incompétent vous êtes, que vous n’avez aucun sens de la qualité, que les Service Level Agreements ne sont pas respectés, que son manque à gagner est colossal, et que puisque c’est comme ça vous êtes bon pour lui payer les pénalités à cause de votre travail de cochon. Il finit par attaquer votre boite en justice, celle-ci perd le procès, est condamnée à verser de lourdes pénalités, met là clé sous la porte, et vous finissez sous les ponts avec une pancarte en carton autour du cou sur laquelle vous avez inscrit au feutre noir que vous êtes prêt à vous abaisser à pisser du code en Java 1.2 ou en PHP 3 contre un peu de nourriture.
Mais non, je ne suis pas alarmiste. Pas du tout.
Si on regarde maintenant les contraintes au niveau du foyer, on est encore loin des prouesses technologiques que nous promettait le XIXème siècle. Les voitures volantes, le frigo qui fait ses courses sur Internet, les robots humanoïdes dédiés aux tâches ménagères, ça me fait quand même bien marrer : on n’est pas près de les voir arriver dans nos chaumières si on n’arrive déjà pas à afficher l’heure correctement sur un micro-ondes. Pour ma part, la Freebox, et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un PC chez moi, se recalent tout seuls comme des grands (merci NTP). Mon dernier téléphone mobile aussi, il est devenu plus intelligent que les anciens, mais on notera quand même qu’il a fallu plus de dix ans pour que la mise à jour soit automatisée. Pour le reste, il faut dire qu’entre la cuisinière, la balance électronique, la voiture, le téléphone fixe, le réveil, la radio, la pendule, et toutes les installations hi-fi/multimédia, la mise à jour s’opère encore en se sortant les doigts du cul de manière manuelle.
Du coup, je sais pas vous, mais moi, quand je décale mes heures lors du passage d’un horaire à l’autre, ça ne loupe jamais, j’oublie toujours un appareil. Et visiblement je ne suis pas le seul, les services publics semblent aussi avoir leur lot de petits oublis, pour preuve les lampadaires en bas de chez moi, répandant divinement leur lumière tamisée sur les allées éclairées par… la lumière du jour.
Bah oui, ces lampadaires s’allument à heure fixe, et personne n’est visiblement mandaté pour décaler les horaires d’allumage. Le minuteur est probablement perdu au fin fond d’une armoire technique à un endroit perdu dont toute personne encore en vie a oublié l’existence. C’était déjà comme ça l’année dernière. Et je serais prêt à parier que ce n’est pas un cas isolé.
Alors, elle est où, l’économie d’énergie ?
(1) Tu vois pas de quoi je parle ? T’avais qu’à lire les torchons précédents !
(2) … de briller en société, bien sûr. Pas de sauver la planète.
(3) Ceux qui n’en ont rien à foutre peuvent toujours passer au paragraphe suivant, ou retourner jouer à Fartville sur Facebook.
Mon nouveau portable m’a réveillé dans les temps, je ne me suis même pas rendu compte du changement d’heure. Par contre, j’ai eu l’air bien con quand on m’a dit que c’était arrivé. Mine de rien, 2 fois par an, je passe à côté d’un bel emmerdement avec la plus grosse des chances. Aucun retard à déplorer, mais jusqu’à quand…
Quant aux prochaines fonctions de nos futurs appareils ménagers, je demanderai bien aussi aux constructeurs de faire une petite option pour que l’heure ne revienne pas à 0:00 à chaque coupure de courant. Roh allez, ça doit bien être possible!
Oui, ça aussi ça m’exaspère, alors qu’avec une pile le problème est réglé. Et j’ajoute que sur ces mêmes appareils, il n’y a rien de plus chiant que de devoir refaire un tour complet de cadran juste pour pouvoir retirer une heure.