The dark side of the web
Un site web, je vous dis pas lequel, je vous laisse deviner...

 Ze franche rigolade

C’est devenu une mode, un phénomène incontrôlable. Chaque fois qu’une personnalité politique touche de près ou de loin le monde de l’internet, on trouve le moyen de bien se marrer. Souvenez-vous :

  • Frédéric l’ambassadeur du Web 2.0, cumulant à lui seul une bonne partie des best-of de ces derniers mois.
  • Nadine annonçant la fin du monde avec l’arrivée d’internet et partant en croisade contre les méchants vilains qui critiquent ouvertement ses belles pensées sur la toile.
  • Christine qui nous dévoile en exclusivité le tout nouveau firewall intégré à la version 3.2 de la suite OpenOffice.
  • Xavier rappelant que son parti politique est très attaché au respect des droits d’auteur… juste après la réception des mises en demeure pour contrefaçon de l’avocate de MGMT.
  • La découverte de l’utilisation illégale d’une police de caractères lors de la création d’un immonde logo de la nouvelle autorité chargée de vous signaler par email que vous téléchargez trop, l’histoire se soldant par l’aveu d’une « erreur de manipulation informatique » dixit les créateurs de l’affreuse image.
  • Les 400 copies de DVD suspectes du documentaire de France 5 distribuées par l’Élysée en se réappropriant le copyright au passage.
  • Le lipdub au talent artistique incommensurable utilisant une chanson sans s’acquitter proprement des droits.
  • Le site ouaibe de Ségolène au budget pharaonique, pondu en dix minutes avec Frontpage Express v1.0, et introduisant pour la première fois au monde le tout nouveau protocole htpp:// (sic).

Que de merveilleux souvenirs qui nous ont procuré de franches poilades devant nos écrans, nous permettant ainsi de réaliser avec philosophie qu’en France, on a beau ne pas avoir d’augmentation de salaire ni de pouvoir d’achat, on a quand même la bonne humeur.

Et il faut dire qu’ils aiment bien prendre soin de nous en nous faisant marrer, nos politiques. Ils doivent comprendre que ça marche, que ça nous met la patate et que c’est grâce à tout cet effort collectif pour nous dérider que nous, la France d’en bas, on va retrousser nos manches, on va travailler plus pour gagner pareil, et sortir le pays de la crise et de la morosité ambiante avec nos petites mains.

Alors, comme ça marche, ils continuent.

Et le dernier évènement qui nous fait bien marrer, nous la France d’en bas, nous les travailleurs à qui l’on rabâche depuis maintenant un an que les droits d’auteur et la propriété intellectuelle c’est important, c’est le tout nouveau site de l’Élysée, qui ressemble à s’y méprendre à celui de la Maison Blanche.

Un site web, je vous dis pas lequel, je vous laisse deviner...

Un site web, je vous dis pas lequel, je vous laisse deviner…

Tout y est : le logo en haut au centre, la photo de background aux motifs architecturaux aux nuances de gris estompée en haut de page, les onglets du menu principal sur le haut, le slideshow avec la petite boîte de commentaires, le contenu sur 3 colonnes fixes, avec des extraits des actualités sur la première, des catégories sur la seconde, la zone de recherche et la photo du jour sur la troisième. Je fais l’impasse sur l’utilisation des couleurs, étant donné que les deux pays arborent les mêmes sur leur drapeaux respectifs, mais pas sur les photos où l’on peut constater que chaque président apparait en guest star sur le site de l’autre. Une sorte de « cace-dédi » à la Skyblog mais appliquée au plus haut niveau du pouvoir exécutif, en somme. Et on peut continuer comme cela jusqu’aux pieds de page.

Un autre site web. Le webdesigner a glissé 7 différences entre les deux designs. Saurez-vous les retrouver ?

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Heureusement qu’on nous avait prévenus que piquer le travail des autres, c’est mal. Mais là, en plus de friser le plagiat, on n’est pas loin de friser par la même occasion le complexe d’infériorité. Au final, je ne sais plus s’il faut en rire ou en pleurer.

En tous cas, là où on pourra rire, c’est au niveau de la synthèse vocale qui a été mise en place afin de faciliter l’accès à l’information pour les personnes malvoyantes. Derrière cette démarche tout à fait louable, il faut l’avouer, se cache un écueil qui aura échappé aux concepteurs du site, mais pas aux vigilants internautes. Lorsqu’on demande à la synthèse vocale de lire le CV de notre cher président en anglais, on se voit gratifié d’un magnifique speech dont l’accent à couper à la hache détaille la carrière exemplaire du « président of ze franche reupublic » .

Je vous laisse écouter un petit extrait (juste un tout petit, parce que si je mets le morceau entier on va me fouetter pour absence de respect des droits d’auteur, et comme j’ai été bien éduqué par les hadopisse-vinaigre, je sais que l’utilisation du travail des autres sans leur accord, c’est mal).

Eh ouais, très fort. Bizarrement, cette lecture audio en anglais a été supprimée dès les premiers effets de buzz. En tous cas, vous l’avez remarqué, on est tout à fait dans le même registre que celui de notre bon vieux Rodolphe : « and now, ze franch kiss » .

Vous noterez aussi l’effort prodigué pour diffuser un message fort à la face du monde, représentatif du Français moyen : il parle anglais vraiment très mal, mais son accent est tellement charmant…

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