Comme certains le savent, mon activité rédactionnelle a été légèrement, mais alors très légèrement, perturbée par un déménagement survenu l’année dernière à peu près à la même époque. Déménagement qui fut suivi de quelques travaux de rénovation, qui, arrivant à leur terme, me permettent enfin de reprendre mon plus beau clavier pour narrer quelques effroyables expériences, et leur résultat, et en particulier celles contenant de vrais morceaux de high-tech dedans.
Le premier article de cette catégorie sera consacré à mes nouveaux radiateurs électriques. En effet, j’ai très vite voulu domotiser un minimum l’installation, et me donner la possibilité de réguler leur température de manière automatisée, en imaginant en point de départ le postulat basique suivant :
- Lorsque je suis au travail, il n’est pas nécessaire de maintenir la température de confort dans l’appartement.
- Le soir, la température de confort doit être rétablie juste avant mon retour.
- Mes horaires de travail sont fixes d’une semaine sur l’autre.
Les premiers drafts
J’avoue que la première idée qui m’est passée par la tête, un peu avant d’emménager et lorsque j’ai commencé à m’intéresser à ces possibilités avec un collègue de travail qui avait la même problématique, c’est un système de relais qui coupe tout simplement l’alimentation des radiateurs lors des périodes d’absence. On imaginait déjà l’utilisation d’Arduinos pilotant des relais pour arriver à cette fin. Ce système présente néanmoins 2 défauts à mon sens :
- Les notices des radiateurs, qui embarquent maintenant un peu d’électronique, préconisent de ne pas abuser de ce système consistant à couper violemment le courant.
- En période d’absence courte (la journée de travail), il est recommandé de ne pas laisser la température trop chuter, sous peine de consommer plus d’énergie lors de la remontée en température suivante.
J’ai pensé qu’on pouvait faire mieux que ça.
Sur la piste du fil pilote
C’est en farfouillant le vaste monde d’internet à la recherche des notices PDF, puis en autopsiant le câblage électrique de mes radiateurs, que j’ai pris connaissance de l’existence d’un troisième fil en plus de la phase et du neutre, qui n’est pas un fil de terre : le fil pilote, aussi appelé contact auxiliaire. Pour les béotiens comme moi qui ne connaissaient pas cette fonctionnalité, c’est un fil de commande qui permet de passer le radiateur en mode confort, éco, hors gel, en fonction du signal envoyé sur le fil.
Attention pour ceux qui seraient tentés de reproduire tout ou partie de l’expérience, même si l’ampérage est faible, c’est du 230V qui circule sur le circuit de commande, donc avant tout, prudence, et pas de conneries !
Problème de taille : le fil pilote n’était pas câblé jusqu’au panneau électrique. Seulement 3 fils circulent dans chacune des gaines : la phase, le neutre, et la terre. Des bidouilleurs peu scrupuleux pourraient avoir l’idée de réutiliser le fil de terre, qui ne doit pas être relié aux radiateurs, comme fil pilote, mais NAN, c’est pas bien, margoulins ! On fait les choses proprement, et pour cela, une seule solution : passer un quatrième fil dans la gaine. Ni une, ni deux, on s’y met. Je pars acheter 100m de fil noir au magasin de bricolage le plus proche (celui dont le jingle est « papadapa » et qui fait des marges horriblement outrancières sur chaque article, à un tel point qu’on se demande s’ils n’indexent pas le prix de la quincaillerie directement sur le taux de change de l’or). Je prends aussi un tire-fils en nylon d’une qualité exécrable, un paquet de talc en pharmacie, et tout mon courage. C’est parti pour l’opération « Décâblage / Recâblage ».
Opération « Décâblage / Recâblage / Pétage de câble »
À tous ceux qui ne savent pas : on ne tire pas un fil dans une gaine qui contient déjà des fils. C’est une connerie. Pour faire les choses proprement, on décâble la gaine et on recâble avec tous les fils d’un coup, unis et légèrement torsadé comme dans un triste triangle amoureux dont aucun d’entre eux ne sortira heureux. En l’occurrence, quand on commence ce type d’opération, on leur demande surtout de sortir de l’autre côté de la gaine, c’est déjà un objectif assez ambitieux en soi.
Là, je suis en train de me demander si je n’aurais pas dû intituler cet article « Câblage câblage, plus loin que la nuit et le jour ! » – Anyway…
Mes quelques conseils pour la bonne réussite de l’entreprise :
- Attachez le premier fil dans le chas du tire-fils, recourbez l’extrémité du fil sur lui-même en l’entortillant sur une bonne longueur et en formant un « pas de vis » écarté.
- Entortillez les autres fils sur le pas de vis ainsi formé. Chaque fil doit s’arrêter un peu plus loin, pour que le diamètre du tout grossisse progressivement et que ça ne forme pas un gros bouchon monobloc immonde qui va buter net dans le premier coude formé par la gaine.
- Recouvrez le tout d’adhésif. J’ai utilisé de l’adhésif de masquage que j’avais sous la main. J’ai fait plusieurs épaisseurs contra-rotatives (ouahh, le terme ultra-technique pour se la péter dans les soirées de l’ambassadeur !), 3 épaisseurs en général, pour que le tout reste le plus solidaire possible.
- Lubrifiez. Avec du talc. Mettez le paquet. À la place du talc il est possible d’utiliser du Yellow, il parait que ça fonctionne bien, je n’ai pas testé.
- Ensuite, sortez votre joker « Coup de fil à un ami », ou « Coup de bigo à une proximité », selon votre longitude, et appelez une âme pure et musclée en renfort. Effectuer l’opération en solo relève du masochisme décadent. Et je sais de quoi je parle.
- Positionnez une personne à chaque extrémité de la gaine, fraîchement équipées de gants. La première pousse dans la gaine et l’autre tire. Il est important d’effectuer ces actions en rythme. Communiquez.
- Lorsque l’extrémité de la gaine accouche finalement d’un amalgame de fils électriques emmaillotés dans un adhésif qui aura probablement souffert pendant ce trajet éprouvant, savourez votre victoire autour d’une bonne bière.
- Apprêtez-vous à souffrir si la longueur de la gaine est importante.
- Apprêtez-vous à souffrir si le diamètre de la gaine est petit par rapport au nombre de fils à passer.
- Apprêtez-vous à souffrir si le trajet de la gaine présente des coudes (surtout à partir du troisième).
- Apprêtez-vous à être grave vénère et à avoir les boules au point de trucider la terre entière si le tire-fils pète au milieu du trajet (oui, c’est arrivé).
Y’a-t-il un pilote dans le radiateur ?
En parallèle de la pose du fil pilote, j’avais commencé à imaginer des solutions bon marché pour lui transmettre l’information de commande. Là encore, pour actionner le mode confort et éco, j’avais immédiatement pensé à une programmation via Arduino et relais (décidément, c’est une maladie, je vois des Arduinos partout). Même si techniquement c’est déjà beaucoup plus propre que la solution précédente (car on actionne la commande et pas l’alimentation, et car centralisé au niveau du tableau électrique pour tous les appareils de chauffage…), et techniquement tout à fait viable, cela restait une solution trop custom à mon goût, présentant trop d’incertitudes. Je voulais pour une fois un équipement un peu plus professionnel. En parallèle, il existe sur le marché des centrales de programmation qui remplissent parfaitement ce rôle pour une centaine d’euros, et mon choix s’est porté sur l’une d’entre elles, la DELTA DORE Deltia 8.31.
[…] le démarrage et l’arrêt des radiateurs de mon appartement grâce à l’installation de fils pilotes et d’une centrale de programmation, je souhaite vivement mettre en place une fonctionnalité […]